Billets FRANCE
Le 18 janvier 1800 (28 nivôse an VIII), Bonaparte, Premier consul, crée la Banque de France. Sa mission : favoriser la reprise d’une économie ébranlée par la tourmente révolutionnaire. Comment ? En émettant des billets payables à vue et au porteur en contrepartie de l’escompte d’effets de commerce.
Des billets ont déjà circulé. Mais ceux émis par la banque de Law tout comme les assignats restent de sinistre mémoire. Pour réussir, le nouvel établissement doit donc impérativement donner confiance dans la monnaie de papier. Cet objectif n’a pas cessé d’être le sien depuis lors.
C’est que le billet de banque est un bien étrange objet. Produit de consommation courante, il doit être pratique, solide, en phase avec les besoins de l’époque. Mais étant un objet de valeur, il doit aussi être sûr, fiable, difficile à imiter. Symbole d’une nation, de son génie culturel, il doit enfin fournir un miroir dans lequel chacun se retrouve.
L’histoire du billet se confond ainsi avec celle du pays, avec le progrès des techniques et avec l’évolution des goûts esthétiques. Apparaissent la photographie et la possibilité de reproduire des billets monochromes noirs, le billet devient bleu. Advienne le nouveau franc et le billet se charge d’un « NF ». Et, toujours, quand surgit le besoin d’une coupure, la Banque de France fait appel à des artistes réputés pour l’illustrer.
La Banque de France se lance dans l’émission de billets avec comme référence diverses expériences de création fiduciaire antérieures à sa création en 1800 .
Pendant toute la première moitié du XIXe siècle, les billets de la Banque de France restent donc sous l’influence de ces papiers-monnaies. Ils portent des valeurs faciales élevées. Ils sont émis en très peu d’exemplaires – et par là même d’une extrême rareté aujourd’hui. Monochromes noirs, ils présentent un aspect assez austère.
Mais leur apparente uniformité cache le souci évident, dès ces « premiers pas », de leur assurer une qualité optimale :
- en recourant aux plus grands artistes de l’époque – des dessinateurs comme Percier, des graveurs comme Andrieu ou Barre – afin que la finesse du dessin et de la gravure rendent les imitations difficiles ;
- en utilisant l’impression « à l’identique » qui fait coïncider parfaitement le recto et le verso du billet, technique que l’on retrouve sur les billets actuels sous la forme de la « transvision » ;
- en imprimant, déjà, certains caractères en « microlettres », comme on le fait aujourd’hui.
En fin de période, toutefois, la Banque de France adapte ses procédés de fabrication à la nécessité de produire en masse.